ancienne designer coloriste salariée puis indépendante à Hénin-Beaumont, 48 ans

Dans le cadre de l’exposition Fibre féminine, nous avons rencontré Sylvie Fremaux, ancienne designer coloriste, âge. Aujourd’hui enseignante à l’ésaat, elle nous explique le métier de designer coloriste.Union textile de Tourcoing

Je pense que l’approche par rapport à la matière était quelque chose qui m’attirait beaucoup.

Après un BTS DMTE (brevet de technicien design de mode textile et environnement) à l’ESAAT (école supérieure des arts appliqués et du textile, Roubaix), Sylvie Fremaux a directement travaillé comme salariée dans une entreprise textile d’Hénin-Beaumont, Sublistatic, en tant que designer coloriste. Elle décrit de très bonnes conditions de travail, un univers fait de collègues essentiellement féminines, mais des supérieurs ou des interlocuteurs extérieurs le plus souvent masculins : une situation qui oblige à apprendre à se faire respecter. Après dix-sept ans dans cette entreprise, Sylvie Fremaux crée avec une associée la société Tendem Deco, en étendant ses compétences au coaching en décoration auprès de particuliers. L’aventure durera deux ans. Depuis, elle transmet ses connaissances aux étudiants de l’ESAAT en enseignant les arts appliqués et le textile.

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Donc moi je m’appelle Sylvie Fremaux, je suis enseignante à l’ESAATT depuis 8 ans maintenant. J’ai un petit peu de mal avec les dates, je vous le dis tout de suite puisque l’on va remonter très loin en arrière donc je risque de ne pas forcément être très précise. Donc à l’ESAAT j’enseigne en seconde, en terminale (en démarche créative) ; et en DMTE (design de mode, textile et environnement) en première année (en labo conception et création). Et auparavant dans ma vie antérieure, j’ai été 17 ans designer coloriste dans le textile dans une entreprise internationale qui était basée à Hénin-Beaumont, à côté de Lens. Au bout de ces 17 ans, j’ai créé ma société pendant 2 ans avec une ancienne collègue et donc une société où on travaillait avec une entreprise de textile polonaise et donc on leur créait des collections. Mon associée travaillait plus sur le motif et donc moi sur la couleur ; et, en même temps, on avait mis aussi en place du coaching en décoration, donc là auprès de particuliers. […]

Moi j’ai commencé à travailler en fait assez jeune puisque j’avais 20 ans. Donc j’ai fait mes études, ici, à l’ESAAT ; enfin c’était pas dans ces murs-là comme c’était il y a longtemps, c’était il y a 30 ans maintenant. Donc, j’ai fait une année de mise à niveau (MANAA) et puis après j’ai fait un BTS (DMTE). J’ai eu mon BTS en juin et au mois d’août je commençais à travailler. […]

Je pense que l’approche par rapport à la matière était quelque chose qui m’attirait beaucoup, donc le fait de pouvoir effectivement travailler le textile ; et la couleur ça était quelque chose qui a toujours été un peu, au fond de moi, inné et voilà. […]

Alors dans les bureaux, beaucoup de femmes ce qui n’est pas toujours évident parce que travailler qu’avec des femmes c’est pas facile, donc voilà, ça c’est un constat! […]

Et on est dirigées par des hommes, donc voilà et ce n’est pas toujours non plus évident le rapport qu’on peut avoir en tant que femme ; par rapport aux clients aussi puisque donc on travaillait, on a été aussi au contact des clients pour qui on faisait les collections. Il faut apprendre à se faire respecter, il faut apprendre à faire reconnaître son travail. On travaille énormément aussi avec les commerciaux, donc on avait des points de vue différents puisque nous on avait une approche plus créative et eux ils avaient une approche, bah voilà, fallait faire du chiffre ; c’est-à-dire on se devait de justifier, dès qu’on sortait une collection, s’il y avait des dessins qui ne se vendaient pas, pourquoi on avait fait ces choix-là. Les résultats tombaient…donc là c’est vrai on était plus confrontées, en fait, à un monde masculin, donc ça c’est pas toujours…Enfin si quand on est…quand on démarre en plus, enfin moi c’était des gens qui étaient là depuis très longtemps donc il y avait une différence d’âge, donc ça il faut l’appréhender aussi. […]

Donc on faisait de l’ameublement, on faisait du vestimentaire, du papier cadeau donc on pouvait toucher vraiment à beaucoup de choses et ça un peu partout dans le monde, on avait la chance de voyager dans de très bonnes conditions parce que c’était les époques phares où l’économie était très très bonne et donc voilà. […]

Bon un bureau de création, voilà, on travaille dans des conditions quand même on va dire, si on peut parler de physique ou physiologique qui sont plus qu’agréables. Par contre, effectivement dans l’usine on est quand même sur un site de production, donc énormément de bruit, énormément d’odeurs parce que avant que ne commencent à arriver les réglementations pour les solvants…donc c’était des encres qui étaient faites avec des solvants très très forts. Donc à respirer je peux vous dire que c’était quand même costaud. Pourtant nous on ne faisait qu’y passer, mais c’était… on sentait quand même effectivement. Et puis quand même des gens qui travaillaient en 3 × 8. […]

En trois-huit c’est faire les postes donc c’est matin, après-midi, nuit (roulement du personnel). Et mon mari, lui, travaillait dans le site de production. […]

Et quand tout a été informatisé, bah il y avait 50 personnes et voilà on en a gardé 10 (bureau de création). Donc ça c’est l’évolution. Alors l’évolution elle permet effectivement de pouvoir travailler dans des meilleures conditions ça c’est clair; mais c’est aussi au prix, au détriment du personnel, qu’il y ait besoin de moins de machines. […]

Pour moi c’est ça le métier de designer textile ; c’est allier créativité, technologie, adaptation au marché, aux tendances, être précurseur mais pas trop et savoir travailler à tous ces stades-là.

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