designer textile indépendante dans le Nord, 39 ans

Dans le cadre de l’exposition Fibre féminine, nous avons rencontré Isabelle Sarr, ancienne designer textile indépendante dans le Nord, 39 ans. Aujourd’hui professeur à l’ésaat, elle nous explique son point de vue sur le métier de designer textile.

Quand j’étais indépendante, j’ai du tout créer.

Titulaire d’un DSAA (Diplôme Supérieur d’Arts Appliqués, Bac+4) en 2002, Isabelle Sarr commence une activité de conceptrice graphique textile indépendante, puis enchaîne des missions d’intérim spécialisées dans les entreprises textiles de la région. Elle intègre une petite entreprise de fabrication de canapés de la région et prend des responsabilités de direction artistique et de communication qui l’amènent à voyager souvent voir ses fournisseurs. Après huit ans, un licenciement économique lui permet de relancer sa carrière vers l’enseignement. Ce domaine la passionne depuis qu’elle accompagne et accueille des stagiaires. Elle intègre le corps professoral de l’Ésaat (école supérieure des arts appliqués et du textile à Roubaix, où elle a fait ses études) et y enseigne la technologie textile et les méthodes de création. Elle continue sa pratique personnelle de sérigraphie et accompagne de jeunes créateurs dans des coopératives locales.

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Je m’appelle Isabelle Sarr, ou Tilmant, j’utilise mes deux noms. C’est comme on préfère. Trente neuf ans, bientôt quarante et j’ai trois enfants.

Après mes études, après le DSAA textile, que j’ai fait en 2002, 2003, 2004, j’ai travaillé surtout en conception graphisme. Ensuite je suis rentrée dans une petite entreprise familiale fabriquant de canapé et tout ce qui est textile de la maison, là c’était de l’industrie textile avec de la fabrication. J’avais affaire à des fournisseurs, j’allais en déplacement à l’étranger, j’ai pu sourcer des produits de l’industrie textile. Je suis restée huit-neuf ans dans l’entreprise, puis cinq ans en tant qu’indépendante. Depuis cette rentrée 2017, j’enseigne les arts appliqués à l’ESAAT de Roubaix.

J’ai fait de l’art appliqué depuis le lycée, par passion, dès la seconde je voulais me former dans le textile.

Quand j’étais indépendante j’ai du tout créer en fait ; j’ai du créer mon atelier, j’ai du démarcher ; j’ai pas mal travaillé avec une boite interim spécialisée dans le textile, dans la création textile, pour des entreprises textiles qui cherchaient un profil comme le mien. Du moment qu’on a le savoir des matières qu’on utilise, la façon dont s’est fabriqué, ce qu’on doit utiliser en termes de techniques, on est à l’aise en fait.

Être son propre chef, c’est pas évident. Être salariée non plus : on n’est pas toujours d’accord avec son chef. Qui dit chefs, dit grands chefs, qui ne comprennent pas toujours ce que vous faites mais qui ont besoin de vous. Faut savoir prendre son patron dans le sens du poil comme on dit !

On est obligé de sortir le nez de l’entreprise, de s’intéresser à ce qui ce fait autour de nous. On ne peut pas rester dans son carcan. J’ai toujours fait des expositions, participé à des tas de trucs, j’ai toujours gardé une même ligne de conduite, même salariée.

Les années dans l’entreprise son très formatrices ; ça me permet aussi d’avoir ma carte d’indépendante, ma carte de salariée, c’est bien d’avoir les deux statuts, qui restent cohérents : même milieu textile, graphisme, etc.

J’ai été licenciée économique, pour les raisons qu’on connaît tous, réduction du personnel en entreprise, honnêtement, ça m’a soulagée. Au final nous n’étions pas nombreux et on devait gérer énormement de choses, et pas que la partie textile justement, dans ce genre de boîte on gère tout de A à Z, des tendances à la communication visuelle. Pour par exemple tout ce qui est catalogue, shouting photo, et tout ça, on n’est pas que styliste, mais aussi directrice artistique, responsable de collection, tous les intitulés de la terre. Du coup ça m’a soulagée, je me suis dit c’est bien parce que je voulais me former et j’ai repris des études dans les sciences de l’éducation, avec tout ce qui est outils numériques. Dans l’entreprise je prenais beaucoup de stagiaires de l’ESAAT, j’étais maître de stage, et c’est ce qui m’a donné envie d’enseigner et de former. J’enseigne avec les premières et les terminales la technologie : tout ce qui est matériaux, matières premières, les procédés de fabrication, la mise en œuvre. C’est la base du design en fait.

Le boulot du stylisme c’est la création, c’est pas la production. J’ai aussi une pratique personnelle, et j’avais avant un atelier de sérigraphie textile, je participais à des expos. Maintenant, en parallèle d’être enseignante à l’ESAAT, j’accompagne une coopérative de jeunes pour remonter un atelier de sérigraphie textile, et je continue à apporter mon savoir-faire en matière textile. Cette coopérative est à Roubaix, où il y a un patrimoine déjà existant. C’est important que les jeunes roubaisiens soient avertis de ce contexte-là. En plus on est à la Condition Publique, qui est un ancien lieu de conditionnement de fibres textiles : c’est intéressant de rester dans le même contexte.

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