échantillonneuse à l’UTT, Tourcoing, 60 ans

Dans le cadre de l’exposition Fibre féminine, nous avons rencontré Dolorès De Matos échantillonneuse à l'UTT (Union textile de Tourcoing), 60 ans. Aujourd’hui retraitée, elle nous explique son parcours professionnel dans le textile.

C'était comme ma deuxième maison.

Fille d’une famille de neuf enfants, Dolorès de Matos a dû commencer à travailler très tôt après s’être occupée de ses frères et sœurs. Après des formations en pressing, puériculture et couture pour l’obtention de son certificat d’étude primaire à l’école de jeunes filles de Pecquencourt, elle intègre une entreprise locale et y devient bobineuse, puis échantillonneuse. Avec le souvenir de machines dangereuses et bruyantes, de débuts difficiles, des tenues de travail contraignantes, elle garde en mémoire une ambiance familiale – sa « seconde famille » – chaleureuse et humaine, avec des relations cordiales avec ses collègues hommes et femmes et avec ses patrons. Elle se souvient des horaires difficiles : à un moment de sa carrière, elle commençait sa journée de travail à 13h et il lui arrivait de ne rentrer chez elle que vers minuit moins le quart avec le bus des mines.

Cliquer pour accéder à la transcription complète

Études et enfance

Je préférais m’occuper des enfants, j’en garde encore d’ailleurs. Mais à l’époque on n’avait pas le choix, on devait travailler pour participer à aider les frères et sœurs… On était neuf et ma maman est donc restée femme au foyer. Moi j’étais à l’école des jeunes filles à Pecquencourt, je m’en rappelle encore… Puis après j’ai travaillé, j’ai fait une formation au pressing, en puériculture et pour finir en couture. C’était pour avoir mon certificat primaire d’étude, on devait faire des formations.

L'ambiance

Ça a été très enrichissant. Je me souviens, on était comme une grande famille avec une très bonne ambiance, main dans la main… Bien sur, c’était difficile parce qu’on avait de grosses journées, c’était dur ! J’ai travaillé aussi avec la production, pour produire, produire, encore produire… Malgré les débuts compliqués où je devais être un peu partout la fois, j’ai aimé, je me suis perfectionnée, surtout en devenant échantillonneuse. Je me suis adaptée avec tout le monde, j’ai travaillé avec des jeunes, avec les hommes, ça s’est toujours bien passé… 

Avec vos patrons ?

J’ai connu le père et le fils, et ça s’est toujours bien passé. Une très bonne famille, dirigeant l’entreprise depuis très longtemps. L’entreprise c’était très important pour vous ? Oui, très… C’était ma deuxième maison, il y avait du respect et de l’humanité. Par exemple, mon dernier patron, je le trouvais très humain… Il vous parlait ? Ah oui ! Toujours le sourire, il ne nous stressait pas, il était vraiment correct.

Comment se déroulaient vos journées ?

À la rétraction, c’était difficile parce qu’on travaillait avec de grosses bobines, on avait à peine le temps d’alimenter toutes les bobines qu’en dix minutes on devait remettre toutes les bobines pour les attacher avec des nœuds de tisserand. C’était des journées très fatigantes.

Ça vous semblait répétitif ?

Oui… Au bobinage, on devait remettre, ré-enfiler, renouer… L’échantillonnage, c’est pas pareil, je n’étais pas sur une machine, j’étais dans un bureau et je réparais des tricots. La période la plus difficile pour moi, c’était quand je prenais encore le bus des mines. Je travaillais de 13h à 21h, et je rentrais avec le bus de 22h15. On pouvait rentrer à la maison à 23h30 voire 23h45… Ça faisait de sacrées journées.

Sécurité au travail

l y a des moments où il y avait des incidents surtout avec les Stanley. C’est un couteau que l’on utilisait pour couper les barbes, c’est dans ces moments-là qu’il fallait faire attention. Maintenant les Stanley sont beaucoup plus modernes parce qu’on peut retirer la lame. Aujourd’hui, il y a beaucoup moins d’incident avec cet outil.

Comment était votre tenue de travail ?

Je me rappelle que quand je travaillais tout au début on était obligé d’avoir un tablier et d’avoir tout le temps les cheveux attachés. Le tablier et les chaussures de sécurité étaient obligatoires pour ne pas glisser. 

Le bruit des machines

 Il y avait des machines bruyantes oui… au début, quand je travaillais à la rétraction et au bobinage, c’était très bruyant… Certains travaillaient avec des casques. L’espace était-il divisé entre hommes et femmes ? Au tout début, c’était un grand espace. Tout était réuni, tout le monde. » Je suis rentrée à UTT, et je ne suis plus ressortie !

Les autres entretiens

Céline Isabelle Mauricette Paulette Caroline Sylvie Nicole
Retour à l'accueil